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Si M. m'était contée… Extraits Mon père a combattu pendant la guerre. Mes parents ont été déportés, ils ont travaillé dans des usines d’armement à Berlin. J’ai failli y naître mais ma mère a eu l’autorisation de rentrer parce qu’enceinte et mon père celle de la ramener. Ensuite, il s’est caché dans des carrières vers Pontarlier et il n’est pas retourné. Ma maman m’a dit que les Allemands venaient tous les jours dans notre deux-pièces et le mettaient à sac pour retrouver mon père. Mon père m’a vu naître, je pense, parce qu’il n’était pas très loin de la maison. Mes parents ont souffert de la guerre, ils ont eu faim, il y avait les tickets de ravitaillement. Ma sœur, elle, en a beaucoup souffert, elle est de 1936, elle était gamine et les gamins ont toujours faim, elle avait besoin de manger. Pendant que mes parents étaient à Berlin, elle était chez mes grands-parents que je n’ai presque pas connus. Les Américains sont arrivés à Pontarlier à la libération. Ils nous donnaient des chicklets qui avaient le goût de la cannelle. J’étais petite mais ce goût m’est toujours resté. Il y avait aussi des prisonniers allemands à la prison de Pontarlier. Ils allaient travailler à la carrière encore quelque temps après la guerre. Ils étaient très gentils, on leur parlait. …. On ne mangeait pas de la viande tous les jours. Ma mère travaillait dans une usine de métallurgie. Les ouvriers avaient droit à un litre de lait par jour parce qu’ils travaillaient avec du plomb. Ma maman a dû se faire enlever un poumon à cause de ce travail. Mon papa était bûcheron. Il est mort en 1959, il avait été malade pendant cinq ans. Il est tombé malade en 1954, un cancer du foie, il ne travaillait plus. Mon père buvait pas mal, des apéritifs surtout, mais je ne sais pas si c’est la cause de sa maladie. On vivait tous les huit dans un deux-pièces, cuisine comptée. Tous les soirs, ma sœur et moi on tirait un lit. Mes frères dormaient dans la chambre de mes parents, les lits étaient entassés, certains partageaient celui des parents. Il n’y avait pas de toilettes, on devait sortir. …. Quand je suis arrivée à l’hôpital, l’ouverture de l’utérus était déjà grosse comme une pièce de cent sous mais c’était trop tôt pour l’accouchement. Alors ils m’ont fait une piqûre pour retarder et, ensuite, j’ai eu un accouchement difficile. La sage-femme a dû monter sur mon ventre pour faire sortir le bébé. C’est pour ça que M. est handicapée physique. Je n’ai pas remarqué tout de suite que quelque chose n’allait pas avec elle. A la maternité de Pontarlier, les lits des bébés étaient posés au pied des lits des mamans. J’entendais pleurer tous les autres bébés et ma fille ne pleurait jamais. J’ai demandé pourquoi à la chef. Elle m’a répondu que ces bébés étaient difficiles mais sans me dire quel était le problème. Je voyais les médecins passer, la regarder et ils repartaient sans rien dire. Pour finir, j’ai demandé ce qui se passait. Ils ne m’ont pas dit qu’elle était trisomique, ils n’ont jamais employé le mot. C’est après que j’ai su. Comme elle ne tétait pas, ils la gavaient, ces imbéciles. Ils la gavaient tellement qu’elle a dû être transférée à l’hôpital de Besançon. … Un jour que j’avais été avertie qu’il n’était de nouveau pas à son poste, je l’ai trouvé chez un copain dont les parents tenaient le Petit Chalet à la Blécherette. J’ai vu son vélomoteur, je suis sortie de ma voiture, je suis entrée dans le bistrot, il était avec une bande de copains, je l’ai regardé sans parler. Quand il m’a vue, il est sorti, je lui ai planté une monstre baffe et je lui ai dit : « A la maison ». Il est monté sur son vélomoteur, je l’ai suivi en voiture jusqu’à Praz-Séchaud. Je me disais : « Si je me fais arrêter par les flics tant pis ». Arrivé à la maison, il me dit : « Je veux me suicider ». On habitait au premier étage, j’ai ouvert la fenêtre et j’ai dit : « Vas-y ». Il n’a pas sauté. J’ai dit qu’on allait chercher autre chose vu que cela ne lui plaisait pas. ….
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Photos © Reto Thomas
Chemins de vie
Vous désirez laisser à vos enfants,
vos petits-enfants, vos amis,
une trace de votre passage sur terre...
Vous parlez…
Je vous écoute…
Je vous aide à retrouver vos souvenirs, à les préciser…
Je respecte votre façon de vous exprimer,
vos proches vous reconnaîtront…
Dominique Roussy
Biographies
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A la fin de notre cheminement ensemble, vous serez propriétaire d'un livre, illustré de vos photographies si vous le désirez et relié artisanalement, que vous pourrez offrir à ceux que vous aimez.
Prix pour 20 séances d'écoute de 1 heure, pour la retranscription, la mise en page, la reliure et cinq exemplaires du livre : Fr. 4'000,--.
Au-delà, chaque séance est facturée Fr. 180,-- et chaque livre supplémentaire Fr. 75,--.
Tous mes prix peuvent se discuter en fonction de vos revenus
Reliure Artisanale Sabine Brodard
1646 Echarlens 026/915 32 94
Biographies :